Une étude est de faisabilité a été menée au service de kinésithérapie de l'hôpital Cochin (AP-HP) pour évaluer l'utilisation d'un dispositif de réalité virtuelle immersive (RVI) pour les personnes souffrant de douleurs chroniques cervicales non spécifiques (NsCNP). Les résultats de l'étude ont montré que l'utilisation de ce dispositif RVI, KineQuantum, était faisable et a permis une amélioration de la douleur et de la fonction chez les personnes souffrant de NsCNP.
Étude sur l'utilisation de la réalité virtuelle dans le cadre de la mobilité cervicale
Cette étude, menée par Léo Langlais MK MSc, Thomas Fortier MSc, Josette Bertheau MK, François Rannou MD, PhD, Marie-Martine Lefèvre-Colau MD, PhD, et Alexandra Roren PT, PhD, a révélé que l'utilisation de la réalité virtuelle immersive (RVI) pour traiter les douleurs chroniques cervicales non spécifiques (NsCNP) est faisable et pourrait être bénéfique pour les patients.
Les NsCNP sont une condition courante qui causent des douleurs et des limitations dans les mouvements du cou, ainsi qu'une réduction de la proprioception. Les études précédentes ont déjà montré que des exercices de renforcement et de coordination oeil-cou peuvent aider à soulager la douleur et améliorer la fonction chez les personnes souffrant de NsCNP.
La RVI est une technologie qui permet de créer des environnements virtuels immersifs, où les patients peuvent s'entraîner tout en étant distraits de la douleur. La RVI a également été montré qu'elle améliore l'apprentissage moteur en fournissant un feedback immédiat de l'environnement virtuel. Elle augmente également la motivation des patients à s'entraîner, réduit l'ennui et augmente l'adhésion au traitement.
Méthode de l'étude
Schéma : Étude pilote observationnelle transversale en cross-over.
Participants : 17 personnes souffrant de cervicalgies chroniques et 26 personnes asymptomatiques.
Protocole expérimental : Les rotations cervicales 3D ont été évaluées à l'aide du dispositif de réalité virtuelle immersive KineQuantum. L'ordre des rotations était standardisé : rotations axiales, droite et gauche, flexion/extension, inclinaisons droite et gauche ; l'ordre des conditions (avec RVI/Hors RVI) était randomisé.
Critère de jugement principal : Les différences d'amplitude cervicale maximale active 3D ont été comparées entre les deux conditions, avec et sans utilisation de KineQuantum, dans les deux groupes de participants.
Critères de jugements secondaires : Les liens entre les différences d'amplitude articulaire (entre les 2 conditions : avec RVI et hors RVI) et les score cliniques (Douleur ; limitation d'activité ; Kinésiophobie : Tampa scale for Kinesiophobia ; Ètat de santé global : échelle numérique, 0-100) ont été évalués chez les participants cervicalgiques à l'aide d'une matrice de corrélation de Spearman. Les statistiques ont été réalisées avec le logiciel Systat 13 pour Windows.
Résultats : une mobilité cervicale accrue
Amplitudes cervicales maximales actives Amplitudes cervicales maximales actives
des participants cervicalgiques (°) des participants asymptomatiques (°)
En condition de RVI : Les 3 mobilités cervicales sont significativement augmentées chez les personnes cervicalgiques chroniques avec la réalité virtuelle (+12,3°, p=0,04; +16,3°, p=0,01; +5,6°, p=0,01 pour les rotations axiales, flexion-extension et inclinaisons, respectivement).
Chez les participants asymptomatiques, seule la rotation axiale est significativement augmentée (+12°) (p=0,01).
Chez les participants cervicalgiques, les corrélations sont faibles (<0,3) sauf pour la différence d'inclinaison latérale (avec RVl/hors RVI) corrélée avec le score de douleur (r=0,31) et le score de kinésiophobie (r=0,53).
La mobilité cervicale active augmentée avec la réalité virtuelle
La mobilité cervicale active mesurée en RVI est supérieure à celle mesurée hors RVl, néanmoins nous ignorons si ces différences sont cliniquement pertinentes. Cet effet de la RVI n'est pas exclusif de la population cervicalgique chronique, elle implique donc d'autres mécanismes que la distraction de la douleur. L'augmentation du focus externe (concentration et attention focalisée sur une cible) est un facteur proposé pour expliquer l'impact de la RVI sur les performances motrices.
Les résultats ont montré une réduction de l'intensité de la douleur et une amélioration de la cinématique cervicale chez les patients souffrant de NsCNP. Il est toutefois important de noter que cette étude est un essai pilote et que d'autres recherches sont nécessaires pour évaluer l'efficacité de cette méthode à long terme.
Cependant, ces résultats montrent un potentiel prometteur pour l'utilisation de la réalité virtuelle immersive dans le traitement des douleurs cervicales chroniques. Il est important de souligner que cette technique pourrait offrir un moyen de traitement pour les personnes souffrant de ces douleurs qui ont des difficultés à se rendre régulièrement chez un kinésithérapeute ou qui ont des difficultés à pratiquer des exercices en autonomie, chez eux.
Cliquez ici pour voir le résumé de l'étude présentée à la SOFMER 2022.